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Báo cáo khoa học: " La sylviculture de haute qualité du chêne en Suisse concepts d’éducation et de traitement"

Chia sẻ: Nguyễn Minh Thắng | Ngày: | Loại File: PDF | Số trang:10

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Tuyển tập các báo cáo nghiên cứu về lâm nghiệp được đăng trên tạp chí lâm nghiệp quốc tế đề tài: " La sylviculture de haute qualité du chêne en Suisse concepts d’éducation et de traitement...

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Nội dung Text: Báo cáo khoa học: " La sylviculture de haute qualité du chêne en Suisse concepts d’éducation et de traitement"

  1. Article original sylviculture de haute qualité du chêne en Suisse : La concepts d’éducation et de traitement dans des conditions écologiquement marginales JP Schütz sylviculture, École polytechnique fédérale, CH 8092 Zürich, Suisse Chaire de janvier 1993; accepté le 2 juin 1993) le 6 (Reçu Résumé — La sylviculture du chêne de haute qualité en Suisse se différencie significativement en certains points de celle pratiquée dans les grandes régions traditionnelles de production, de France et d’Allemagne notamment. Cela tient aussi bien à des particularités stationnelles qu’à des priorités différentes des concepts de sylviculture. En Suisse, la culture du chêne de qualité se conçoit d’abord sur des stations de la hêtraie en l’absence pour des raisons climatiques (précipitations élevées) et édaphiques (sols jeunes, riches et bien tamponnés) de véritables chênaies permettant une produc- tion de valeur. De sucroît, le caractère généralement montagneux du pays et l’altitude relativement élevée des forêts (plus de 450 à 500 m) ne permettent la culture du chêne que dans une zone à considérer comme marginale par rapport à la grande chênaie d’Europe centre-occidentale, car rapi- dement limitée par les gels tardifs et les dégâts de neige lourde. Outre ces 2 facteurs limitant la constitution des peuplements, les conditions d’alimentation hydrique et minérale très favorables conduisent à une productivité remarquablement élevée, de plusieurs classes de productivité plus élevée que dans les pays voisins. De telles stations conviennent mieux au chêne pédonculé qu’au rouvre. Il y présente une croissance plutôt rapide. La sylviculture à pratiquer dans de telles condi- tions s’apparente plus à celle des forêts riveraines de type Slavonie qu’aux chênaies du Spessart ou du secteur ligérien français. Les principes d’une sylviculture de qualité, visant une proportion élevée de bois de très haute valeur (> 15%) doivent concilier des critères pas nécessairement concomi- tants, à savoir : des propriétés technologiques (finesse et régularité des bois) et de formation de la tige (critères sylvologiques). Alors que la sylviculture européenne du chêne est orientée principale- ment en fonction de critères de finesse des cernes, celle pratiquée en Suisse choisit de favoriser la qualité de la tige, en profitant d’un effet de sélection et conjointement en visant le développement d’un peuplement accessoire à fonction d’emballage. Il s’agit d’une sylviculture active, qui ne réprime pas la croissance, mais au contraire profite de l’avantage économique d’une moindre durée de pro- duction, de 160 ans, pour optimiser les autres facteurs d’influence. Une telle sylviculture présente une parfaite cohérence entre les interventions sylvicoles et les objectifs de production. Les caracté- ristiques en sont de travailler sur une base génétique suffisante, permettant une sélection des meilleurs phénotypes, à caractère positif, encore modérée en prime jeunesse, devenant active au stade du perchis avec des interventions d’éclaircie sélective vigoureuses. On prend finalement posi- tion à propos des propositions récentes de régénérer le chêne par une conduite plus lente des
  2. en travaillant par petites trouées. coupes et Dans les conditions de station présentées, de telles pro- positions apparaissent difficiles à réaliser. éducation / traitement sylvicole / durée de peuplement accessoire / Quercus / production robur = chêne pédonculé / Q petraea = chêne rouvre Summary — High-quality oak silviculture in Switzerland: concepts of education and produc- tion in the marginal range of European oak. High-quality oak silviculture in Switzerland differs sig- nificantly in some ways from traditional silviculture in classical oak-producing regions of central- western Europe such as France and Germany. Particularities regarding site conditions, concepts and priorities are the main reasons for these differences. Oak only occurs naturally on beech-forest sites in Switzerland. Natural oak formations are lacking because of the climatic (high annual precipitation) and edaphic conditions (pedogenetically young soils, which are well balanced and rich in minerals). Furthermore, due to the mountainous character of the land and the relative elevation of forest distribu- tion in the Swiss Midlands (> 450 m altitude), oak production is not only considered marginal even compared to that in the classical oak producing regions of Europe but is also limited by frost damage and heavy snow. However, mineral content and water capacity of the soil are very favourable, leading to remarkable productivity and higher site indexes than in the classical oak-producing regions. Such site conditions are better suited to pedunculate (Q robur) than to sessile oak (Q petraea), which grows fairly rapidly under these conditions. Silvicultural concepts are therefore more closely associat- ed with riparian pedunculate oak forests, eg, of Slavonia than to the sessile oak forests of Germany and France. The goal of high-quality oak silviculture in Switzerland is to produce a proportion of ≈ 15% veneer quality lumber. Different partially divergent aspects such as technological wood proper- ties (regularity and width of the rings), bole formation and development or growth potential have to be taken into consideration to achieve this goal. Classical oak silviculture in Europe is mainly oriented to producing wood with regular narrow rings by maintaining high stand densities. Oak silviculture in Swit- zerland, however, seeks optimization of bole quality and high production via recurrent selection and simultaneously establishing or favouring an appropriate subordinate secondary stand which has a beneficial effect on bole quality. Diameter growth is not restricted by high competition as in classical oak silviculture; on the contrary, active silviculture tries to utilize the economic advantages of good di- ameter growth and a shorter production time of ≈ 160 yr, with good agreement between production goals and silvicultural measures. The success of this concept depends on a sufficiently broad genetic base to allow active and positive selection of the best phenotypes in the early stages, selection ac- cording to collective education at first and to individual education with vigorous selective thinning from the pole stage on onwards. Finally, a comment has been made regarding new tendencies in oak silvi- culture which call for a longer regeneration period, overlapping generations or regeneration in very small stand openings. Considering the previously mentioned site conditions and the intolerance of young oak to shade, especially pedunculate oak, these tendencies do not appear to be realistic. education / silvicultural treatment / production period / secondary stand / Quercus robur pe- = dunculate oak / Q petraea = sessile oak significativement à certains égards. Cela PARTICULARITÉS STATIONNELLES est dû en grande partie à des conditions DE LA SYLVICULTURE DES CHÊNES de station particulières au Plateau suisse. EN SUISSE Elles se caractérisent en effet par une plu- viosité généralement assez élevée (plus de 1 000 mm/an), un climat frais, tempéré, Comparativement aux grandes régions tra- ditionnelles de culture du chêne de pres- à caractère océanique et des sols jeunes, tige en Europe, la sylviculture de cette es- c’est-à-dire riches en particules fines et en sence pratiquée en Suisse s’en distingue éléments nutritifs. C’est ainsi que dans les
  3. forêts. Les bonnes réserves en eau des formations forestières climaciques du Pla- sols d’une part, mais surtout la meilleure teau suisse dominent essentiellement des hêtraies plus ou moins pures. Le chêne, à résistance du chêne pédonculé aux gels tardifs d’autre part expliquent l’avantage in- l’exception de stations pauvres et im- propres à une production de bois de quali- déniable de cette dernière essence. Les té, ne constitue pratiquement pas de mas- observations de la phénologie du débour- sifs naturels. On le rencontre à l’état plus rement effectuées par Burger (1921) dans ou moins disséminé dans des massifs do- les environs de Zurich ont démontré que minés par le hêtre et certains feuillus pré- les jeunes plants de chênes rouvres dé- cieux tels que le frêne et l’érable syco- bourraient plusieurs jours avant ceux de more. De surcroît la forêt suisse se trouve chênes pédonculés. Des essais compara- principalement située à des altitudes supé- tifs réalisés à l’instigation de Burger, dans rieures à 450 à 500 m, c’est-à-dire à un ni- le premier tiers du siècle, en de nom- altitudinal rapidement limitatif au bon breuses stations du Plateau suisse, corro- veau développement qualitatif des chênes, en borent cette observation. Il s’avère que les raison d’une part des gels tardifs et surtout chênes rouvres souffrent de dégâts de gel des dégâts de neiges lourdes. Ces 2 fac- plus prononcés que les pédonculés (Bur- teurs limitent en fait à 600-650 m d’altitude ger, 1949), ce qui explique les différences le domaine de réalisation d’une sylviculture de forme des tiges, significativement de qualité, c’est-à-dire qui escompte réali- meilleures, c’est-à-dire moins sinueuses, ser une proportion d’assortiments de haut chez les pédonculés que les rouvres, et de gamme (notamment de bois de tran- cela sur toutes les stations testées (Bur- chage) d’au moins 15%. C’est donc dans ger, 1944). Ces différences restaient signi- une bande altitudinale assez étroite, allant ficatives plusieurs décennies plus tard de 450 m à 650 m que se réalise la pro- (Schütz et Badoux, 1979). duction de chênes de qualité en Suisse. À vrai dire, on ne rencontre dans les Les concepts de production mis en place peuplements naturels pas seulement des s’orientent en fonction des facteurs limita- chênes pédonculés et rouvres, mais toute tifs prépondérants cités plus haut, et cela une gamme de formes morphologique- explique pourquoi notre conduite des peu- ment intermédiaires, produites au cours plements de chênes se singularise nota- des générations par hybridations sponta- blement en certains points de la sylvicul- nées et croisements en retour introgres- ture classique dans les grandes régions sifs. Comme l’a montré Kissling (1983), la traditionnelles de production en Europe proportion et le niveau d’introgression de centre-occidentale. ce continuum d’hybrides se trouvent très étroitement liés aux conditions de station, notamment de sol. Sur les sols bien ali- CHÊNES PARTICULARITÉS DES LES mentés en eau se rencontrent des popula- PÉDONCULÉ, ROUVRE tions phénotypiquement assez pures de INTERMÉDIAIRES ET LEURS FORMES pédonculés, alors que les rouvres dont les formes dominent sur les stations plus sèches n’apparaissent pratiquement ja- C’est le chêne pédonculé (Quercus robur mais sous une forme taxonomique pure, L) qui convient mieux que le chêne rouvre mais comprennent toujours une proportion (Quercus petraea [Matt] Liebl) aux condi- plus ou moins élevée de caractères de pé- tions particulières de climat et de station donculé et d’ailleurs également de pubes- précitées, même si les 2 espèces se ren- cent (Quercus pubescens Willd). Cela contrent très intimement mêlées dans les
  4. végétation adventice concurrentielle repré- laisse entrevoirl’importance des conditions particulier de l’alimentation sente un sérieux handicap à une régénéra- édaphiques, en tion naturelle. Dans l’optique d’une produc- les processus d’adaptation hydrique sur tion de haute valeur, il convient alors des espèces et races de chênes. d’utiliser des provenances de qualité, à in- La grande hétérogénéité génétique au troduire de préférence des régions de pro- sein des populations natives et par voie de venances reconnues de l’étranger. conséquence la grande diversité de formes issues de cet abâtardissement, ne constituent pas nécessairement un avan- LA REMARQUABLE PRODUCTIVITÉ tage sylvicole, notamment en ce qui DES CHÊNES SUR LES STATIONS concerne les possibilités de sélection. Les DE LA HÊTRAIE provenances essais de ont montré, en effet, que la proportion de tiges aux Sur les bonnes stations de hêtraie en formes médiocres est plus élevée chez les Suisse, la productivité des chênes est re- provenances helvétiques que celles des marquablement élevée. À 50 ans, la hau- grandes régions étrangères de production (Schütz, 1979). C’est une des raisons pour teur dominante (indice de fertilité) est en moyenne de 22 m (fig 1).Cela devrait cor- lesquelles, au moment de la régénération respondre à une hauteur dominante de des peuplements, on préfère générale- ment la plantation à la régénération natu- plus de 30 m à 100 ans. Comparativement aux fertilités obtenues dans les régions de relle, à plus fortes raisons parce que sur production de l’étranger (France, Alle- de telles stations, l’envahissement par la
  5. Slavonie), les prestations en hau- conditions se rapprochent plus de celles magne, teur des chênes Suisse sont de 2 à 4 m des chênaies de pédonculés des plaines en plus élevées, voire plus (Schütz, 1979). Il alluviales, de type Slavonie, que de la chê- est intéressant de constater que la crois- naie de rouvre à croissance plus lente de sance en hauteur des chênes pédonculé la région ligérienne française, du Spessart et rouvre ne se différencie pratiquement ou du Palatinat allemand. pas sur une même station. Le chêne s’avère être en jeunesse, c’est-à-dire dans la première moitié de la durée de produc- PRINCIPES D’ÉDUCATION tion, une essence à bonne croissance qui DES CHÊNAIES DE QUALITÉ dépasse indiscutablement en hauteur le hêtre et ne se trouve en reste que de peu Que l’objectif du traitement des chênaies par rapport à l’épicéa. La figure 1 illustre de qualité consiste à obtenir une propor- parfaitement la dépendance étroite de la tion la plus élevée possible d’assortiments hauteur des peuplements avec les condi- de bois de haut de gamme, à savoir de tions de station, notamment avec les ré- tranchage, ne fait l’objet d’aucune diver- serves en eau utile du sol. En effet, pour gence de vue chez les sylviculteurs. En les parcelles d’essai de production revanche, quant aux moyens de réaliser suisses, l’indice de fertilité (Hdom à 50 ces objectifs, les avis sont partagés, par- ans) ne se maintient à un niveau élevé que fois considérablement. Pour bien com- sur les stations aux réserves d’eau suffi- prendre de tels points de vue apparem- santes, facteur représenté à la figure 1 par ment contradictoires, il convient de la valeur correspondante des plantes indi- s’interroger sur les différents facteurs per- catrices des relevés de la végétation selon mettant la réalisation de bois de qualité. la méthode de Ellenberg (1974). Les re- Des possibilités d’influencer ces facteurs marquables prestations citées plus haut se par des mesures sylvicoles appropriées réalisent sur la plupart des stations de la dépendra la définition des concepts de trai- hêtraie. Sur celles à régime hydrique plus tement à appliquer. déficient, telles que dans le domaine des hêtraies à pulmonaires, on assiste à une Le premier critère nécessaire à l’obten- chute très marquée de la productivité, qui tion de bois de qualité, critère jusqu’à pré- se tient alors au niveau de celle des pays sent le plus souvent pris en considération voisins. À de tels indices de fertilité corres- en premier lieu, est celui de produire un pondent des productivités en volume de 7 bois à fine structure de cernes. À notre à 8 m d’accroissement moyen des chênes 3 avis, on a donné une importance dispro- par ha et année. portionnée à ce critère par le passé, ce qui conduit à des concepts de production vi- En conclusion, nous avons affaire sur sant le maintien d’une densité de peuple- les bonnes stations du Plateau suisse à un ment élevée, gage d’une croissance lente. chêne à croissance plutôt rapide, en me- Une telle vision repose, il est vrai, sur sure de fournir des arbres à fûts élevés, l’observation que les assortiments élitaires susceptibles de produire une proportion de chêne, aujourd’hui commercialisés, importante de bois d’œuvre en un laps de échoient à des billes à très fine structure temps d’environ 160 ans et environ 80 à de cernes. À vrai dire, ces observations ne 100 tiges d’élite de dimensions excédant 65 cm de diamètre. Il est vrai que cela ne s’avèrent pertinentes que pour les régions traditionnelles de production et seulement se réalisera qu’avec la production de bois à cernes de 2 à 2,5 mm de largeur. Ces pour les assortiments supérieurs. Elles va-
  6. lent finalement essentiellement pour le branches le développement des gour- chêne rouvre, qui dans ces régions croît mandes. de toutes façons relativement lentement. À C’est généralement à cette condition du l’opposé, on constatera également que bon développement du peuplement acces- dans les régions de plaines alluviales, soire que s’achoppent les concepts de pro- telles que la Slavonie, on réalise des pro- duction qui escomptent contrôler le critère portions élevées de bois de tranchage de de largeur des cernes par le maintien de qualité supérieure avec des bois de struc- densité de peuplement élevée. Cette criti- ture bien différente, à savoir des chênes que vaut aussi pour les concepts qui pré- pédonculés arrivant à terme de production voient l’introduction d’un peuplement ac- à 140 ans (Trifunovic, 1965). Il convient cessoire à la moitié de la durée de d’ajouter que la technique du tranchage a production. En effet, pour ce faire, il serait considérablement évolué, et permet au- nécessaire de réduire significativement le jourd’hui d’utiliser des bois à cernes de 2, couvert, avec pour conséquence le déve- voire 2,5 mm de large. loppement d’une couverture de gour- mands, d’autant plus dense que les Un deuxième critère de réalisation de bois de qualité est d’ordre sylvologique, à chênes ont été précédemment concurren- savoir l’obtention d’arbres à fûts droits, ré- cés et possèdent des houppiers étriqués. guliers et libres de branches de la plus Jusqu’au moment où le peuplement acces- grande longueur possible, qui de surcroît soire ainsi favorisé devient fonctionnel, ces doivent rester libres de gourmands gourmands auraient plusieurs décennies jusqu’au terme de la production. Cette pour se développer en véritables branches condition repose sur la nécessité de prati- gourmandes dépréciant alors considéra- quer une sélection précoce selon la faculté blement la qualité des tiges des chênes de former une tige non partagée à bonne d’élite. axialité et de bonne conformation des À l’inverse, l’idée de favoriser très rapi- houppiers, ce qui implique des soins cultu- dement le peuplement accessoire, c’est-à- raux précoces (c’est-à-dire dès l’état de dire pratiquement dès la fin de l’état de fourré) et des interventions éducatives vi- fourré, voire même en cas de création arti- goureuses dès le perchis. Finalement la ficielle de peuplement dès la plantation, en réalisation de la condition selon laquelle intervenant par des mesures sylvicoles les chênes de qualité doivent rester libres conséquentes et des interventions régula- de gourmands jusqu’au terme de produc- trices, est un concept beaucoup plus cohé- tion est décisive dans le choix du concept rent. Il permet de concilier les diverses in- de traitement. Elle ne peut se réaliser que terventions culturales, à savoir assurer un grâce à un bon emballage des chênes développement optimal du peuplement, d’élite par un peuplement accessoire édu- pratiquer la sélection précoce et finalement catif, constitué d’essences commensales, favoriser les arbres d’élite choisis, en leur restant si possible surbordonnées au assurant un bon développement du houp- chêne et n’exerçant qu’une faible concur- pier. En effet, comme nous le savons au- rence sur les arbres de valeur ; une vraie jourd’hui, le bon encouronnement des gageure ! La question du peuplement arbres est une condition de contrôle du dé- accessoire revêt une importance majeure veloppement inopiné des gourmands tout et n’est pas subsidiaire, comme on le aussi efficace que le maintien des fûts à concède parfois encore trop volontiers. En l’ombre. Un houppier bien développé favo- fin de compte, seul cet emballage vert des rise la production d’hormones, qui main- fûts est en mesure de contenir efficacement tiennent en dormance les bourgeons pro-
  7. des éléments constitutifs du peu- ventifs et ainsi retiennent leur éclosion en cernes des arbres à statut plement (c’est-à-dire gourmands (Roussel, 1977/1978). social dominant et codominant) de 4 par- celles d’essai sises sur différentes stations et traitées en éclaircies sélectives de force CONCEPTION SUISSE DE TRAITEMENT DES CHÊNES augmentant quelque peu avec l’âge. On constate, il est vrai, une légère augmenta- tion de la largeur des cernes avec la dimi- L’idée du traitement des chênes de qualité nution de la densité des peuplements interventions sylvicoles actives, dès le en consécutive aux éclaircies vigoureuses, jeune âge s’est imposée naturellement en mais cette influence apparaît relativement Suisse depuis longtemps, en parfaite faible, moindre en tous cas que celle impri- concordance avec les conditions station- mée par la station et concrétisée par les nelles décrites plus haut. Sans doute des différences de niveau des courbes. Des in- facteurs tels que la médiocre qualité phé- terventions d’éclaircies précoces présen- notypique des populations de chênes na- tent par ailleurs l’avantage incontestable tifs et la nécessité d’assurer dès le plus de profiter au mieux de l’effet de sélection jeune âge une stabilité suffisante contre des arbres en fonction des propriétés de la les dégâts de neige lourde, ont contribué à tige. Elles permettent également de favori- démontrer les avantages d’interventions ser à temps le développement d’un peuple- précoces. Depuis les travaux de Kodrik ment accessoire consistant. (1991) sur la sensibilité des jeunes peuple- ments de hêtre à l’égard de l’écrasement par les neiges lourdes, on sait que, aux al- titudes critiques (500 à 600 m) les arbres ne devraient pas excéder un coefficient d’élancement (rapport h:d) critique de 140. Ce critère étant difficile à percevoir à l’œil nu, il est préférable d’apprécier le degré d’encouronnement ou valeur relative de la longueur du houppier, qui ne devrait pas diminuer au-delà de 25 à 30%. Ce qui vaut pour le hêtre vaut par analogie pour le chêne. De sucroît chez cette dernière es- sence, la faculté de conserver le feuillage marcescent, propre aux stades juvéniles, augmente considérablement la sensibilité aux dégâts de neige lourde. Quoi qu’il en soit, la conception suisse du traitement des chênes se fonde sur l’observation que le facteur «largeur de cernes» dépend plus de la station que du traitement et qu’il convient de considérer cette grandeur comme une donnée de départ sur laquelle le traitement sylvicole n’exerce qu’une in- fluence modérée. La figure 2 présente l’évolution entre 50 et 100 ans environ, de la largeur des
  8. Le critère déterminant de la sélection peuplement variant selon les risques. La est le choix d’un nombre suffisant d’arbres sélection se fait essentiellement selon le d’élite selon leur faculté à former une tige critère d’axialité de la tige, c’est-à-dire la continue, non partagée (axialité de la tige). faculté de former une tige continue, non subdivisée, à embranchement étalé. Étant Au terme de la production, le nombre d’arbres devrait se situer aux environs de donné que les chênes s’élaguent naturelle- 80 à 100 tiges/ha. Comme nous le savons ment sans trop de difficultés (Butin et Ko- depuis les travaux fondamentaux de walski, 1983), le facteur de la grosseur des Krahl-Urban (1953, 1959) on retrouve branches n’est pas un critère décisif de sé- dans toute population de chênes, diffé- lection. La densité optimale des massifs, rents phénotypes, selon la faculté de do- objectif important des opérations cultu- minance axiale. Ces différents types rales, dépend donc moins du risque de for- d’arbres (arbre fourchu, buissonneux et à mation de branches grossières que du ris- bonne axialité) se reconnaissent très tôt que d’écrasement par les neiges lourdes. (fig 3). Étant donné que chez une espèce La densité à retenir peut ainsi différer nota- comme le chêne, les positions sociales se blement selon les stations. Elle représente figent assez tôt au cours du développe- finalement un compromis entre d’une part ment (Leibundgut, 1976), la conséquence la nécessité d’un entourage de congénères en est que la sélection doit se faire égale- dans le collectif, favorable à une bonne ment très tôt, c’est-à-dire déjà à l’état de éducation, et d’autre part la nécessité fourré, avec des interventions actives et d’éclaircir le collectif pour en assurer la sta- souvent répétées à rotation d’environ 5 bilité. On ajoutera que la bonne résistance ans, agissant dans la partie supérieure de à l’écrasement par les neiges lourdes dé- la frondaison. Il s’agit au fourré d’intervenir pend aussi de facteurs génétiques, à sa- de façon aussi bien négative que positive, voir la faculté des jeunes chênes à conser- avec pour objectif une homogénéisation ver ou non le feuillage marcescent en qualitative et quantitative du massif (c’est- hiver, faculté qui peut varier notablement à-dire une intervention d’éducation collec- selon les provenances. tive) en visant un niveau de densité de Les réflexions concernant le peuple- ment accessoire interviennent dès la créa- tion du peuplement principal. Si ce dernier est créé par voie artificielle, il convient d’implanter de préférence le peuplement accessoire en même temps que l’essence principale. On utilisera alors des espèces tolérantes à l’ombrage telles que le charme (Carpinus betulus L), le tilleul (Tilia cordata Mill) ou le hêtre (Fagus silvatica L), en donnant la préférence à celle de ces es- sences dont la compétitivité est la moindre sur la station en question. C’est ainsi que dans le domaine phytosociologique de la hêtraie, on préfère travailler avec le charme, plus docile et amène. L’idée d’im- planter le peuplement accessoire en même temps que l’essence principale re- pose sur la constatation qu’il est préférable
  9. de contenir par des interventions culturales samment développé pour remplir sa fonc- (recépage) la vigueur de l’essence com- tion d’emballage, les interventions d’éclair- mensale, plutôt que de devoir l’introduire à cie se laissent mieux doser, car on inter- grands frais plus tard, d’autant que dans vient parmi les éléments du peuplement les conditions actuelles de densité de gi- accessoire, quand celui-ci est bien fourni, bier cervidé, il faudrait clôturer la parcelle qui accèdent trop rapidement dans l’étage une seconde fois au moment de l’introduc- des houppiers et qui exercent une trop tion du peuplement accessoire. grande concurrence, mais dont le départ ne provoque guère d’interruption du cou- À l’état de fourré, on réglera la densité vert. Avec un traitement en éclaircies sé- du massif afin de garantir la survie en lectives vigoureuses, on peut escompter quantité suffisante du peuplement acces- conduire le peuplement à maturité à l’âge soire. En revanche, dès l’état de perchis in- d’environ 160 ans. terviennent des éclaircies sélectives vigou- reuses qui permettent de garantir un bon développement des essences commen- À PROPOS DE L’ÉDUCATION sales, qui socialement subordonnées et de DU CHÊNE À L’OMBRE stature très svelte en raison de la pé- EN PETITES TROUÉES nombre, risquent d’être courbées par les neiges précoces, voire même à la suite d’orages estivaux, et de perdre ainsi leurs Dans les ouvrages classiques de sylvicul- facultés d’emballage. on convient en raison du tempérament ture Comme le présente la figure 4, avec le particulièrement héliophile des chênes qu’il début des interventions d’éclaircie sélec- faut éduquer cette essence en parcelles tive, vers l’âge de 30 ans, la surface ter- suffisamment étendues, d’une surface d’au rière originellement de 22 à 24 m en mas- 2 moins 1/2 ha et que cela nécessite une sifs complets, diminue jusqu’à un niveau conduite assez rapide des opérations de de l’ordre de 14 à 16 m pour augmen- /ha, 2 rajeunissement. Dans les zones à risques ter progressivement par la suite. Le cours de gels tardifs, la régénération se pratique de la surface terrière est donc modulé en de préférence et jusqu’à l’état de fourré fonction des nécessités de sélection. Dès sous un écran protecteur (d’aulnes par que le peuplement accessoire est suffi- exemple) préalablement introduit (Leibund- gut, 1965). On assiste depuis quelques an- nées à un regain d’intérêt pour les techni- ques de régénération en petites surfaces, voire sans interruption du couvert. Il appa- raît cependant, au vu des expériences an- ciennes de régénération notamment en fu- taie claire, dans des conditions de couvert proches de celles pratiquées en régime de taillis sous futaie, que le succès de telles techniques sylvicoles est loin d’être évi- dent, au contraire. L’expérience montre que sur les bonnes stations le chêne de- mande d’être rapidement libéré, en trouées d’étendue de l’ordre du bouquet (Perrin, 1954). Cela vaut particulièrement pour le chêne pédonculé, nettement moins tolé-
  10. chungen über die Vorgänge der Ausschei- rant à l’ombrage que le rouvre. Dans les dung, Umsetzung und Qualitätsentwicklung conditions du Plateau suisse, il n’apparaît in jungen Eichenbeständen. Mitt Eidg Anst pas raisonnable, en raison des problèmes Forstl Versuchswes 52, 4, 313-371 de stabilité envers les neiges lourdes, de Lorne R (1959) Étude quantitative sur les éclair- régénérer le chêne dans des trouées trop cies dans les peuplements de chêne de qua- petites, inférieures à 20 à 30 ares (Schütz, lité. Rev For Fr 11, 746-768 1991, 1992). Mayer R (1960) Ueber den wirklichen Wuchs- ablauf süddeutscher Traubeneichenbestände. Mitt Staatsforstverw Bayerns 31, 137-144 RÉFÉRENCES Mitscherlich G (1953) Der Eichenbestand mit Buchen- und Tannenunterstand. Schriftenr Bad Forstl VersAnst, Freiburg i Br 9, 1, 3-35 H (1921) Studien über die Anzucht und Burger Pardé J (1962) Table de production pour les fo- die Massen und Gelderträge der Eiche in der rêts de qualité tranchage du secteur ligérien. Schweiz. 1. Mitteilung: Ueber morpholo- Stat Rech Exp For Nancy, Notes Techn For, gische und biologische Eingenschaften der N° 11 Stiel- und Traubeneiche und ihre Erziehung Perrin H (1954) Sylviculture II. Le traitement des in Forstgarten. Mitt Schweiz Centralanst forêts, théorie et pratique des techniques syl- Forstl Versuchswes 11, 3, 306-377 vicoles. École nat Eaux et For, Nancy Burger H (1944) Ueber die künstliche Begrün- Roussel L (1977/1978) La formation des gour- dung von Eichenbeständen. Mitt Schweiz mands. Bull Soc Forest Franche-Comté 38, Anst Forstl Versuchswes 23, 2, 283-373 1, 1-6; 5, 99-100; 39, 1, 1-7 Burger H (1949) Einfluss der Herkunft des Schütz JP (1979) Le chêne est-il devenu l’enfant Samens auf die Eigenschaften der forstli- pauvre de notre sylviculture ? Schweiz Z chen Holzgewächse, VII. Mitteilung: die Forstwes 130, 12, 1047-1070 Eiche. Mitt Schweiz Anst Versuchswes 26, 1, Schütz JP (1991) Lässt sich die Eiche in der 59-90 Kleinlochstellung erziehen? Ein Beitrag zur Butin H, Kowalski T (1983) Die natürliche Astrei- Mischung von Lichtbaumarten. Jahrestag nigung und ihre biologischen Voraussetzun- Deutsch Verb forstl Forschungsanst, Sekt Er- gen; II. Die natürliche Pilzflora der Stieleiche tragsk, 13-15. Mai 1991, in Treis-Karden/ (Quercus robur L). Eur J For Path 13, 428- Mosel 439 Schütz JP (1992) Die waldbaulichen Formen H (1974) Zeigerwerte der Gefässp- Ellenberg und die Grenzen der Plenterung mit Laub- flanzen Mitteleuropas. Scr Geobot 9, 97 p baumarten Schweiz. Z Forstwes 143, 6, 442- Kissling P (1983) Les chênaies du Jura central 469 suisse. Mitt Eidg Anst Forstl Versuchswes Schütz JP, Badoux E (1979) Production de 59, 3, 215-401 jeunes peuplements de chênes en relation Kodrik J (1991) Einfluss des bestandesbilden- avec la station. Mitt Eidg Anst Forstl Ver- den Kennziffern auf die Intensität der Bes- suchswes 55, 1, 5-141 chädigung von Buchenbeständen durch Spiecker H (1991) Zur Steuerung des Dicken- Schnee. In: 3. IUFRO Buchen-Symposium, wachstums und der Astreinigung von Trau- 3-6 Juni 1988 in Zvolen, 327-330 ben- und Stieleichen (Quercus petraea (Matt) Krahl-Urban J (1953) Baumtypen bei Eichen Liebl und Quercus robur L). SchrReihe Lan- und Buchen. Allg Forstz 8, 20, 245-248 desforstverw Baden-Württemberg Nr 72 Krahl-Urban J (1959) Die Eichen; Forstliche Mo- Trifunovic D (1965) Recueil de tables de produc- nographie. Parey, Hamburg & Berlin tion pour les peuplements équiennes des es- H (1965) Ergebnisse eines Eichen- Leibundgut sences principales constituant les forêts de la anbauversuches auf dem Hönggerberg. plaine de Srem : chêne pédonculé, frêne, Schweiz Z Forstwes 116, 11 /12, 825-833 orme, charme, chêne chevelu, peuplier blanc, saule, robinier. Orig Serb-Cr, Inst Sum Drvn Leibundgut H (1976) Grundlagen zur Waldp- Industr Beograd Posebno izdanje 22, Beograd flege: Ergebnisse zwanzigjähriger Untersu-
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